LE VEILLEUR DE NUIT DE TURCKHEIM
Les premières traces du veilleur de nuit de Turckheim remontent à 1540
Pour comprendre cette tradition, il faut se plonger dans le mode de vie de l’époque, sans électricité et donc sans éclairage par ampoule. Le premier texte mentionnant le veilleur de nuit de Turckheim est un registre des comptes de 1540. Il s’agissait à l’époque d’un vrai métier, rémunéré grâce à une taxe prélevée sur chaque famille.
Durant la révolution (l’an I qui correspond à 1791), le maire de Turckheim, Ignace Vogel supprima les veilleurs de nuit, peut-être par soucis d’économie. Les veilleurs furent remplacés par une ronde obligatoire, à laquelle furent soumis les habitants et les conseillers municipaux.
Le maire suivant, Brobèque, rétablit les veilleurs en l’an III (1795).
La tradition a perduré jusqu’au début de la seconde guerre mondiale, en 1939.
Une fonction importante à une époque sans électricité
Le veilleur de nuit avait plusieurs missions. Il était en charge de surveiller l’ordre public dans les rues, ce qui lui conférait un rôle de policier, mais pas seulement.
Avant l’arrivée massive de l’électricité, on s’éclairait le soir à la bougie. Le veilleur de nuit devait avertir en cas d’incendie, et donc surveiller que les bougies soient bien éteintes pour éviter tout risque de départ de feu.
Le veilleur de nuit pouvait être puni pour n’avoir pas signalé un incendie. Ces « punitions » nous laissent d’ailleurs l’une des rares traces de ce métier dans les archives publiques.
Le veilleur de nuit avait également pour mission d’énoncer les heures, de 10 heures du soir à l’aube. Un chant spécifique accompagnait chaque heure de la nuit. Inutile de préciser que le veilleur devait avoir une voix puissante pour se faire entendre et se faire comprendre, surtout en hiver alors que les portes et les fenêtres sont fermées.
Vous pourrez écouter l’un de ces chants encore aujourd’hui lors de la tournée folklorique du veilleur de nuit, en Alsacien, dialecte local qui se parle encore assez couramment notamment dans le Bas-Rhin.
« Horricha was ich eich wel saja (Ecoutez ce que je veux vous dire)
Dia Glock het tzeni gschlaja ! (La cloche vient de sonner dix heures !)
Han sori zu Fir und Liacht (Prenez soin de l’âtre et de la chandelle)
Dass uns Gott un Maria b’hiet ! (Que Dieu et la Vierge vous protègent)
Jetz stand ich auf d’r Wacht (Me voici de garde)
Gott gebt uns alle’ a guetti Nacht (Que Dieu nous donne à tous une bonne nuit.)
Une tradition qui se perpétue encore aujourd’hui
Avec le progrès, et en particulier l’arrivé de l’électricité, le rôle du veilleur de nuit devient désuet. Les derniers veilleurs de nuit professionnels de Turckheim ont cessé leur tournée en 1939. Mais dès 1953, des amateurs d’histoire ont voulu perpétuer cette tradition, et depuis des bénévoles se relaient chaque année pour assurer des tournées durant tout l’été.
Pour y participer, rendez-vous à 22h, devant le corps de garde qui se trouve à quelques mètres de notre hôtel. Les tournées ont lieu chaque année du 1er mai au 31 octobre.
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